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Renault 10 : histoire, caractéristiques et guide d'achat

La Renault 10 (1965-1971) n’est pas qu’une simple Renault 8 rallongée. C’est une berline d’exception, qui a marqué l’histoire de l’automobile. On vous raconte pourquoi.

14 min
Auto et moto
5 September 2025 à 9h28

La Renault 10 est une voiture clé dans l'histoire de Renault, bien qu'elle soit souvent sous-estimée.

C'est bien simple : sans elle, la R12 et la R16 n'auraient jamais rencontré le succès qu'on leur connaît. Sans elle, Renault n'aurait jamais pu s'imposer comme le leader incontesté de la voiture "populaire" dans les années 70.

On l'a redécouverte, et on vous raconte pourquoi elle mérite largement qu'on lui redonne un peu d'amour.

Spoiler: on vous parle aussi de la version Gordini (oui oui).

Renault 10 : Une R8 rallongée qui mérite d'être redécouverte 🚗

« Si la R8 a marqué les esprits, la Renault 10 est restée dans l’ombre. Pourtant, son histoire mérite d’être redécouverte. »

Origines : Pourquoi cette Renault 10 est née ?

Oubliez l’idée reçue d’une simple R8 étirée ! Commercialisée à partir de 1965, la Renault 10 s’impose comme la réponse pragmatique de Renault à un marché en pleine mutation. À l’époque, les familles réclament plus d’espace et de confort routier. La plateforme de la R8 sert évidemment de base (logique industrielle oblige), mais la philosophie change radicalement. Il fallait combler le vide béant entre la compacte R8 et la familiale Renault 16. Présentée au fameux Salon de Genève, la R10 ne vise pas que les nostalgiques : elle attaque frontalement un segment où Peugeot commence à s’agiter (204/304), sans oublier les importations exotiques (Rambler/AMC sur certains marchés).

Saviez-vous qu’à son lancement, Renault commercialisait simultanément la R8 et la R10, créant une certaine confusion chez les concessionnaires ?

Design et philosophie : Qu'est-ce qui la différencie vraiment de la R8 ?

La Renault 10 n’a rien d’une copie paresseuse. Son allure tranche net avec celle de sa petite sœur. Châssis allongé (+18 cm), phares rectangulaires bien plus modernes (finis les clins d’œil ronds façon Dauphine), calandre redessinée, feux arrière plus larges – tout respire cette volonté d’en finir avec l’air trapu et sportif de la R8. L’intérieur aussi évolue franchement : espace accru, coffre avant qui engloutit enfin valises et poussettes sans crise de nerfs – on parle quand même d’un gain d’environ 75 litres côté bagages ! Ce sont ces détails qui font toute sa singularité.

Comparaison visuelle entre la Renault 10 et la Renault 8 : châssis plus long et phares rectangulaires sur la R10, contrastant avec le style compact et les phares ronds de la R8.

Positionnement : Un pont entre deux mondes automobiles

Sur le marché hexagonal des années 60, le positionnement est limpide : la Renault 10 vise les familles urbaines qui veulent franchir un cap sans quitter le monde du moteur arrière. Plus statutaire que la populaire R8 mais moins ambitieuse que l’avant-gardiste Renault 16. Ses rivales ? Les Peugeot 204/304 pour leur côté bourgeois, quelques Fiat ou Simca pour ceux qui n’ont pas peur du service après-vente folklorique… Mais surtout, elle assume ce rôle étrange : pont entre deux générations technologiques françaises avant que le tout-à-l’avant ne balaie tout.

Contrairement aux idées reçues, la Renault 10 n'est pas une simple variation sur le thème de la R8. La R10 a toujours été pensée comme une transition intelligente – ni trop conservatrice ni totalement innovante – ce qui explique sans doute pourquoi elle continue à diviser passionnés et collectionneurs avertis.

Les entrailles de la Renault 10 : Motorisations, performances et sensation au volant 💨

Le cœur de la bête : Les moteurs Cléon et leurs évolutions

Tout le monde croit connaître le moteur Cléon, mais combien savent que la Renault 10 a servi de banc d’essai grandeur nature pour ses évolutions ? L’architecture dite "Cléon-Fonte" (bloc fonte, culasse en V inversé, arbre à cames latéral commandé par chaîne) visait une robustesse rare – et ça se ressent encore. On oublie trop vite que le Cléon équipait divers modèles sportifs, mais sur la R10, il a été affiné pour répondre à des besoins moins brutaux : souplesse, fiabilité et entretien réduit.

Version Cylindrée Puissance (ch) Couple (Nm) Années de production
R10 Standard 1108cc 43 à 46 ~81 1965-1969
R10 Major Early 1108cc 46 ~83 1966-1969
R10 Major Late 1289cc 48 à 52 ~94 1969-1971

Ce tableau n’est pas exhaustif : certains marchés ont eu droit à des variantes mineures… Bref, aucune raison de réduire la R10 à un simple "moteur d’utilitaire" !

Résumé clé : Le moteur Cléon se distingue par sa simplicité mécanique et sa robustesse, capable d'encaisser les kilomètres sans faillir – une qualité rare à l'ère de l'obsolescence programmée.

Comportement routier : Plus qu'une simple R8 avec un plus grand coffre ?

Rouler en Renault 10, c’est découvrir un compromis quasi oublié entre confort bourgeois et maniabilité urbaine. Son empattement allongé (+18 cm par rapport à la R8) fait une sacrée différence : stabilité supérieure sur route rapide, filtration des bosses bien plus efficace grâce aux suspensions assouplies. La direction gagne en douceur (adieu les bras tétanisés après deux heures !), le freinage reste honnête pour l’époque sans jamais atteindre le niveau des meilleures concurrentes allemandes.

En revanche, ne rêvez pas : si la répartition des masses offre du grip en virage moyen, l’arrière-moteur prend vite la main sur sol glissant ou lors d’une attaque trop optimiste en épingle. C’est là tout le charme rétro : on doit piloter – pas simplement conduire comme dans une moderne aseptisée.

Anecdote véridique recueillie lors d’une sortie club : un propriétaire a traversé trois hivers vosgiens sans jamais sortir sa R10 du fossé… mais il avoue avoir lesté son coffre avant avec deux sacs de sable !

La Renault 10 Major : La version qui fait le taf

Si la gamme classique vous laisse froid, intéressez-vous à la Renault 10 Major – véritable graal pour ceux qui veulent concilier collection et roulage quotidien. Dès sa sortie au millésime 1966–69 puis évolution jusqu’en ’71, elle se distingue par :
- Un moteur plus puissant (d’abord 1108cc puis rapidement le vaillant 1289cc)
- Des finitions nettement supérieures : sellerie renforcée, moquettes épaisses, chromes mieux ajustés (pas toujours droits… on reste chez Renault hein)
- Equipements supplémentaires selon marché : radio d’origine, ceintures avant (optionnelles), boîte automatique dispo dans certains pays (!)

En chiffres : vitesse max autour de 130 km/h, conso maîtrisée sous les 9 L/100 même sans rouler pépère. Sur le marché français ou espagnol de l’occasion ancienne, c’est presque toujours LA version recherchée car elle combine élégance discrète et agrément réel au quotidien.

Tableau de bord de la Renault 10 Major des années 70, avec une sellerie raffinée et des détails de finition soignés.

La Légende Gordini : Renault 10 ou Gordini Tribute ? On parle vrai ! 🔥

La R10 Gordini sud-africaine : L'exotisme qui interpelle

La R10 Gordini ne peut être évoquée sans mentionner son modèle sud-africain : la version FASA, assemblée avec un soin remarquable. Pas question ici d’une simple greffe d’autocollants ! La Renault 10 FASA Gordini Afrique du Sud se distingue nettement des modèles européens. Moteur plus gros (souvent un 1300 réalésé), gestion spécifique de l’allumage, suspensions abaissées et raffermies pour encaisser les routes locales défoncées, jantes inédites et parfois même une boîte adaptée pour plus d’allonge. Quant à l’esthétique : bandes blanches typiques Gordini, bleu profond éclatant, logos exclusifs… Cette version n’a jamais été proposée en France – ce qui en fait un graal absolu pour les collectionneurs avertis.

Renault 10 Gordini FASA Afrique du Sud, avec sa peinture bleue, ses bandes blanches, ses suspensions rabaissées et ses jantes spécifiques.
La Renault 10 Gordini FASA sud-africaine n’a jamais été homologuée en Europe. Sa rareté et ses spécificités techniques en font un modèle très prisé des puristes — attention aux contrefaçons ou modèles bricolés !

Les kits Alconi et les préparations maison : Le vrai esprit Gordini ?

La vérité, c’est que la plupart des R10 « Gordini » croisées hors Afrique du Sud sont des créations maison. Dès la fin des années 60, le kit Alconi a électrisé le marché sud-africain puis européen : culasse retravaillée, double carburateur Weber/Solex selon la série, arbre à cames pointu, échappement libéré et suspensions durcies transformaient une banale R10 en véritable petite bombe. Ces kits étaient vendus avec notice technique détaillée — certains osaient même l’installation dans leur garage perso ! Résultat : performances comparables voire supérieures à une vraie Gordini d’usine… mais originalité douteuse.

Coffret du kit Alconi pour Renault 10, comprenant carburateurs, suspensions et notice technique vintage.

Quant aux « préparations maison », souvent réalisées avec des pièces de récupération ou des adaptations exotiques, elles relèvent autant de l'art populaire que de l'ingénierie automobile. Ça dérange les puristes – mais impossible de nier le panache et la créativité derrière ces transformations !

Pourquoi la R10 Gordini fait-elle encore parler d'elle ?

L’obsession autour de la R10 Gordini relève presque du psychodrame chez les collectionneurs français : modèle officiel ou bidouillage ? La réalité est têtue : aucune vraie R10 « Gordini » européenne sortie d’usine — uniquement des versions FASA africaines ou des conversions privées souvent talentueuses. Certains crient à l’imposture quand ils voient une R10 arborer bandes et badges Gordini… D’autres saluent au contraire cet héritage vivant du tuning historique.

Jamais vraiment reconnue par Renault France mais adulée sur certains marchés étrangers, cette voiture cristallise tous les débats sur l’authenticité dans le monde des anciennes. Sa valeur ne cesse pourtant d’augmenter sur le marché parallèle – preuve qu’en matière de passion auto, ce sont souvent les histoires atypiques qui résistent au temps.

Ce qui rend la R10 Gordini fascinante ? Son ambiguïté assumée : ni vraie descendante ni complète imposture – juste un symbole vibrant de personnalisation et de liberté mécanique.

Renault 10 sur le marché : L'occasion, un terrain de jeu pour connaisseurs 🧐

Où trouver une Renault 10 aujourd'hui ? Leboncoin, Le Parking et ailleurs...

On ne va pas tourner autour du pot : trouver une Renault 10 digne de ce nom n'a rien d'un parcours balisé. Les plateformes classiques comme Leboncoin demeurent incontournables – on y voit souvent passer des R10 Major affichées entre 5 000 et 8 000 €, avec parfois des modèles à restaurer flirtant sous la barre des 4 000 €. Le Parking offre une vision globale du marché européen, avec des annonces venues de Belgique, Pays-Bas, Espagne... Pratique pour flairer la bonne affaire ou débusquer un modèle Major préservé dans un coin paumé du plat pays !

Mais les vrais connaisseurs privilégient aussi les forums spécialisés (R8 Gordini Club, anciennes-renault.net), où circulent des voitures documentées par passionnés. Ici, moins de mauvaises surprises – mais plus de compétition ! Enfin, quelques bourses d'échange (notamment à Reims ou Avignon) peuvent révéler LA pépite en direct.

Conseil taillé pour l’initié : toujours scruter les historiques complets dans les annonces (carnet d’entretien, factures, historique familial). Un vendeur qui esquive ces questions ? Passez votre chemin ; trop de bricolages cachés pullulent sur le marché.

Prix des Renault 10 : Qu'est-ce qui justifie la cote ?

On entend tout et n’importe quoi sur la côte des R10. Soyons clairs : leur valeur est encore sous-estimée face aux sacrées spéculations sur R8 Gordini et consorts. Sur Le Parking ou Leboncoin, la fourchette va de 5 000 à plus de 9 500 € selon état et version :

  • État général : carrosserie saine = prix fort. Corrosion perforante = grosse décote directe.
  • Kilométrage/Entretien : moins c’est élevé (et plus c’est documenté), mieux c’est. Les factures originales font grimper la cote.
  • Provenance : modèles belges/néerlandais parfois mieux préservés que les françaises (sel moins agressif).
  • Version Major ou série limitée : oui, ça compte ! Un Major complet aura toujours une longueur d’avance.
  • Modifications type "Gordini" ou "Alconi" : celles faites proprement par pros ou d’époque peuvent plaire mais divisent – certains puristes crient à l’imposture.

Ce qu’il faut retenir : la R10 demeure accessible pour l’instant… mais cette situation ne tiendra pas éternellement ! Ceux qui tablent sur une "bonne affaire" aujourd’hui riront jaune dans cinq ans quand les prix auront suivi ceux des cousines surcotées.

Points à vérifier avant d'acheter : Nos conseils de pro pour éviter les mauvaises surprises

Soyons francs : acheter une R10 sans inspection minutieuse revient à jouer à la roulette russe avec votre portefeuille ! Voici ce qu’il faut traquer sans relâche :

  • Corrosion structurelle : examinez ailes AV/AR, bas de caisse, planchers (levez TOUTES les moquettes), passages de roues internes – la moindre boursouflure doit alerter !!
  • Mécanique : moteur Cléon robuste oui… s’il n’a pas été négligé. Vérifiez absence de claquements suspects, fuites persistantes (joint spi vilo/frein arrière notamment), boîte sans craquement synchro ni jeu excessif en prise directe.
  • Suspensions/freins/pneus : amortisseurs fatigués = comportement flou dangereux ; freins arrières grippés fréquents si stockage prolongé ; pneus trop anciens = changez direct (même s’ils paraissent bons).
  • Intérieur/électricité : tableau de bord fendu classique… mais sellerie déchirée ou moquette moisie trahit sévère le manque d’amour. Testez tous feux/clignos/essuie-glaces — faisceau fragile chez Renault vintage !
  • Essai routier IMPÉRATIF : moteur chaud et froid, bruit suspect au roulage ou freinage irrégulier = danger potentiel. Une direction lourde peut cacher rotules mortes ou crémaillère grippée.
Ne jamais acheter une Renault 10 sans un essai longue durée et une inspection sous pont. Méfiez-vous des "petits défauts faciles à corriger", qui peuvent souvent coûter bien plus cher que prévu.

L'héritage et le futur de la Renault 10 : Plus qu'une simple vieille voiture

Les Renault 10 dans la culture populaire et les événements

Quelle ironie : absente des blockbusters, la Renault 10 brille par sa rareté sur grand écran, alors que ses contemporaines trustaient pubs télé et caméos dans les séries populaires. Les vrais passionnés la retrouvent aujourd'hui là où ça compte – sur les parkings des salons majeurs comme le Salon Champenois du Véhicule de Collection à Reims, où la R10 rallie chaque année irréductibles collectionneurs et curieux venus jauger cette oubliée. Clubs spécialisés (R8 Gordini Club, forums historiques) animent rencontres et rallyes régionaux, loin de la hype mainstream. C'est dans cette discrétion assumée que réside tout son panache : pas d'effets spéciaux, juste une présence authentique au cœur des rassemblements qui comptent.

Renault 10 lors d'un rassemblement de voitures anciennes en France, entourée d'autres modèles classiques.

Pourquoi la Renault 10 mérite un coup de jeune (et pas que dans les rétros)

Arrêtons d’enterrer la R10 sous l’étiquette "dérivé de R8" ! Elle se distingue techniquement par son architecture moteur arrière, sa finition soignée (surtout version Major), et un confort que beaucoup de prétendus collectors ne voient même plus. Sur le marché saturé des anciennes tape-à-l’œil ou boostées artificiellement côté prix (bonjour R8 Gordini…), la R10 reste abordable, utilisable sans compromis sur route actuelle, et infiniment plus rare en bon état d’origine. Elle incarne, mieux que n’importe quelle puce allemande ou italienne surestimée, l’intelligence industrielle française des sixties – ce mix subtil de robustesse, simplicité mécanique et audace stylistique non tapageuse. Les vrais amateurs y voient une alternative anti-conformiste.

La Renault 10, une valeur sûre pour les passionnés

Vous cherchez une ancienne qui a du sens ? La Renault 10 s'impose comme un choix rationnel ET affectif pour l’initié : coût d’accès encore raisonnable (comparez avec les délires autour des Mini ou Fiat 500 !), disponibilité correcte des pièces via réseaux spécialisés, potentiel patrimonial sous-évalué… mais surtout vraie histoire derrière chaque exemplaire préservé. Ceux qui en possèdent une profitent d’un cercle restreint mais soudé où prime l’échange entre connaisseurs plutôt qu’une course au bling-bling. En clair : parier sur une R10 aujourd’hui c’est miser sur une authentique pièce du puzzle automobile français — loin des modes creuses et des coups marketing insipides.

Renault 10 : histoire, caractéristiques et guide d'achat

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