En matière de stationnement, une règle prévaut : le trottoir est une zone sacrée, et l’automobiliste qui s’y aventure est un électron libre hors la loi. Problème : certains semblent l’ignorer. Que faire, donc, lorsqu’un véhicule indésirable s’invite sur le trottoir devant chez vous ? La réponse est simple : lui coller une amende — voire lui faire faire un tour en fourrière. Mais encore faut-il connaître les démarches à entreprendre, et à qui s’adresser. C’est justement l’objet de cet article. Retrouvez-y : 1) les recours pour obtenir la verbalisation et/ou le retrait du véhicule ; 2) les sanctions encourues par le contrevenant ; 3) les astuces pour prévenir de futurs stationnements indésirables. Le tout, avec une jurisprudence qui vous protège même si vous n’avez pas de garage. D’ailleurs, saviez-vous que cette pratique est illégale depuis seulement 2015 ?
Règle d’or : le trottoir n’appartient à personne, mais il est interdit d’y stationner
Vous croyez que votre bout de trottoir devant la maison vous appartient ? On arrête le délire tout de suite : c'est archi-faux. Même devant chez vous, vous n’en êtes pas propriétaire, ni même "de fait" ! L’article L2213-2 du Code général des collectivités territoriales est sans appel : le trottoir relève du domaine public routier, affecté à la circulation piétonne et à la sécurité de tous. Pas de poignée de porte à votre nom dessus, pas de privilège caché.

Le point juridique en 5 points essentiels :
- Domaine public : Trottoirs = propriété publique gérée par la mairie.
- Usage réservé : Affectés aux piétons et usagers vulnérables (pas aux pare-chocs !)
- Stationner = illégal sauf exception très encadrée.
- Aucune appropriation possible, même devant un immeuble ou une maison "privée".
- Croire l’inverse = s’exposer à une contravention et des problèmes avec la mairie ou les voisins.
À retenir : Le trottoir est une zone protégée. Tout automobiliste qui y stationne enfreint la loi, sans exception.
Articles R417-10 et R417-11 du Code de la route : quelles différences ?
Article | Définition | Sanctions | Portée géographique |
---|---|---|---|
R417-10 | Stationnement gênant (ex : sur trottoirs, passages piétons) | Amende 2e classe (35€), déplacement du véhicule possible | Sur tout le territoire national |
R417-11 | Stationnement très gênant ou dangereux (ex : devant accès handicapés) | Amende 4e classe (135€), mise en fourrière immédiate possible | Partout en France métropolitaine et DOM |
À noter : Depuis 2015, les infractions sur trottoir sont souvent requalifiées de "gênantes" (R417-10) à "très gênantes" (R417-11), ce qui alourdit les sanctions.
Exceptions autorisées : seuls les marquages validés par la mairie font loi
Conditions pour stationner légalement sur un trottoir :
- [ ] Marquage au sol expressément réalisé ET autorisé par la mairie (arrêté municipal publié).
- [ ] Panneau ou signalisation claire précisant le stationnement "à cheval" autorisé.
- [ ] Respect absolu de l’espace laissé aux piétons (>1,40 m recommandé).
- [ ] Zone conforme aux règles locales d’urbanisme ET validée lors d’un contrôle préfectoral si besoin.
Cas vécu: Dans ma ville natale, un voisin pensait rouler des mécaniques en garant son monospace "à moitié" sur le trottoir devant son portail. Résultat : double prune + remorquage. Même pas eu le temps d’ouvrir son journal !!
Infractions et sanctions : quelles amendes pour stationnement sur trottoir
Arrêtez de croire que vous allez vous en tirer avec une tape sur les doigts... Le stationnement sur trottoir coûte cher, et la sanction dépend de la gravité et du contexte. Voici le vrai barème, sans filtre ni chichi.

Contraventions : deuxième classe ou quatrième classe, quelles différences ?
- Contravention 2ᵉ classe (stationnement gênant classique) :
- Amende forfaitaire : 35 €
- Amende majorée : 75 €
- Forfaitaire majoré (cas extrême, paiement très tardif ou contestation rejetée) : 150 €
- Sévérité : 😐
- Contravention 4ᵉ classe (stationnement très gênant/dangereux, accès handicapés, passages piétons…) :
- Amende forfaitaire : 135 €
- Amende majorée : 375 €
- Forfaitaire majoré : jusqu’à 750 € (!)
- Sévérité : 😡🔥
À savoir : aucune perte de points n’est prévue, mais les amendes peuvent rapidement peser sur votre budget.
Risques aggravés : mise en fourrière et immobilisation du véhicule
Stationner sur un trottoir ne se limite pas à une amende. Les forces de l’ordre – police nationale, municipale ou gendarmerie – ont toute latitude pour sévir plus fort.
Procédure en cas de stationnement très gênant :
- Constat d’infraction par l’agent (photo/constat manuscrit)
- Saisie dans le système ANTAI (Agence nationale de traitement automatisé des infractions)
- Décision immédiate possible d’immobiliser le véhicule (sabots/chaînes) si danger, puis appel à la fourrière sans préavis sérieux.
- Notification écrite à récupérer ensuite si vous avez manqué le spectacle…
Anecdote brute: Un client a cru rusé garer sa Clio sur "son" trottoir deux soirs de suite. Résultat ? Mise en fourrière express après signalement du voisinage. Il n’a récupéré son véhicule qu’après avoir sorti près de trois fois le montant de l’amende initiale… La mairie adore ce genre de clients !
Cas particuliers : devant une entrée carrossable ou sans trottoir
Entrée carrossable et « bateau » : définition et cadre légal
La loi est claire : une entrée carrossable, ou "bateau", désigne la partie du trottoir abaissée pour permettre l’accès d’un véhicule à une propriété privée (garage, cour, etc.).

L’article R417-10 du Code de la route classe le stationnement devant ces accès comme gênant la circulation publique – même si vous pensez n’embêter que votre propre famille. La jurisprudence confirme depuis des années : le « bateau » n’est PAS une place de parking déguisée. Il a un seul objectif : garantir l’accès aux riverains et services de secours.
Droits des riverains : comment obtenir un macaron ou signaler un problème ?
Checklist officielle pour obtenir un macaron d’entrée carrossable :
- [ ] Trottoir officiellement abaissé (réalisé par la mairie ou avec son accord explicite)
- [ ] Adresse associée à l’entrée (pas d’usurpation sur le voisin !)
- [ ] Demande déposée auprès de la mairie avec plan et photos à jour
- [ ] Paiement d’une redevance annuelle selon commune (certaines facturent ce "service public")
- [ ] Pose réglementaire du panneau "entrée carrossable" validé par arrêté municipal
Tous les critères doivent être remplis pour obtenir un macaron. Aucun compromis possible.
Stationner devant un garage ou une sortie de secours : le couperet tombe
Vous croyez être chez vous et garer votre voiture devant votre propre garage ? Mauvais calcul ! Le Code de la route interdit expressément cette pratique : c’est considéré comme une privatisation sauvage du domaine public. Arrêtez de croire que "ça ne dérange personne", même les tribunaux sont clairs là-dessus.
« Le propriétaire ou l’occupant ne saurait être autorisé à stationner devant l’accès carrossable dont il dispose dès lors que cela porte atteinte au principe d’égalité entre usagers du domaine public. »
Cour de Cassation, arrêt du 20 juin 2017
Autrement dit : vous pouvez être verbalisé devant votre propre portail, même si personne ne se plaint ! L’amende tombe direct : contravention de 2ème classe (35 €), voire 4ème classe (135 €) si stationnement aggravé sur le trottoir. Aucun passe-droit possible, ni arrangement en douce avec les forces de l’ordre.
Exemple vécu dans ma rue: Un voisin avait peint son nom sur le bateau devant son garage "pour protéger sa place". Résultat : amende ET obligation effacer le marquage sauvage sous 48h… La mairie n’a rien lâché, pas même un sourire !
Vos recours et actions : comment agir contre un stationnement gênant
Signaler un stationnement gênant : mairie, police, gendarmerie
Arrêtez tout. Le mythe du citoyen impuissant face au stationnement sauvage est une vaste blague. Vous avez plus de pouvoir que vous ne le croyez pour faire plier la mairie ou les autorités – si vous savez vous y prendre.

Procédure détaillée :
- Mairie : Frappez à la porte (en ligne ou physique), demandez le registre des incivilités. Remplissez un formulaire détaillé avec photo et localisation précise. Si la mairie traîne, harcelez-les par écrit avec accusé de réception. Résultat garanti : ils finissent par envoyer la police municipale faire le ménage.
- Police municipale / nationale : Composez le standard local ou rendez-vous au commissariat. Exigez le dépôt d’une main courante ou d’une plainte formelle si l’accès à votre propriété est bloqué.
- Gendarmerie : Hors agglomération ? Même topo. Déposez plainte ou signalez oralement, ils sont obligés d’intervenir si l’infraction gêne la circulation publique.
Seule réalité à admettre : Si vous êtes tenace, organisé et précis dans vos démarches… la mairie plie toujours. Essayez, c’est jubilatoire.
À retenir : La mairie finit toujours par agir si vous suivez les procédures et restez persévérant.
Procédure de constat et rôle de l’ANTAI
Vous voulez du concret ? L’ANTAI (Agence nationale de traitement automatisé des infractions) est votre meilleur allié… si vous ne ratez pas les détails administratifs !
- Pour qu’un constat soit recevable, il faut fournir des photographies nettes, datées (horodatage sur smartphone obligatoire), montrant plaque d’immatriculation et contexte (trottoir, accès bloqué).
- Connectez-vous sur le site officiel ANTAI pour remplir un signalement ou contester une infraction (vous pouvez même désigner un tiers fautif).
- En cas de contestation, envoyez tous les justificatifs par voie postale avec accusé-réception ET conservez une copie numérisée pendant au moins un an.
- Les délais : 45 jours maxi pour réagir après réception de l’avis d’amende forfaitaire simple ; 60 jours si télépayé en ligne ; trois mois pour les cas majorés.
- Plus vous êtes précis, plus l’ANTAI a du mal à classer sans suite.
Obtenir un arrêté municipal ou installer une borne anti-stationnement

Solliciter un arrêté municipal pour interdire explicitement le stationnement sauvage devant chez soi n’a rien de sorcier — mais nécessite méthode et patience (parfois !). Le maire dispose de pouvoirs très larges via l’article L2213-2 du Code général des collectivités territoriales pour réglementer TOUTE portion du domaine public — y compris installer une borne anti-stationnement sur demande motivée.
Étapes pour une demande réussie :
- Rassemblez des preuves béton (photos récurrentes, attestations écrites du voisinage s’il faut).
- Rédigez un courrier expliquant en quoi le trouble porte atteinte à la sécurité/piétons/accès secours.
- Joignez plans et propositions concrètes (borne escamotable, potelet fixe…).
- Demandez expressément l’établissement d’un arrêté municipal interdisant le stationnement sur zone X et/ou pose matérielle d’une borne/potelet.
- Relancez jusqu’à obtention officielle du texte signé par le maire (+ affichage public). Sans ce sésame, rien n’est opposable juridiquement aux contrevenants !
Quelques cas rarissimes : Certaines mairies facturent la pose du matériel « anti-stationnement ». D’autres refusent sans justification valable – dans ce cas, exigez leur décision écrite puis saisissez le tribunal administratif.
Pour plus d’information technique sur les pouvoirs municipaux et stratégies efficaces : Guide sur les prérogatives municipales pour lutter contre le stationnement
Prévenir plutôt que guérir : astuces pour décourager les stationnements indésirables
Vous croyez qu’il suffit de râler ou de coller un mot sur le pare-brise pour décourager les stationnements gênants ? Faux. Mieux vaut s’équiper d’astuces béton, car dans la jungle urbaine, c’est le premier qui agit qui gagne.
Aménagements dissuasifs et signalisation privée : la stratégie des pros
Installer un potelet ou une barrière : une solution efficace, mais encadrée. Sur votre terrain privé, vous faites ce que vous voulez (dans la limite du bon sens et sans gêner le domaine public). Devant une entrée carrossable ou en limite de propriété, chaque détail compte : pas question de poser n’importe quoi sur le trottoir municipal.

Comparatif des solutions : efficacité et coût
Solution | Coût estimé | Efficacité | Respect du domaine public |
---|---|---|---|
Potelet amovible certifié | 70-200 € / unité | Très élevée | Ok si posé sur votre espace privé ou avec accord mairie |
Marquage au sol personnalisé | 30-80 € | Moyenne (dissuasion symbolique) | Interdit sans autorisation municipale |
Banderole/pancarte privée dissuasive | 10-50 € | Faible à moyenne | Ok sur portail/portillon privé, jamais sur mobilier urbain |
Bloc béton décoratif/stop-car | 90-250 € | Haute si discret | Autorisé uniquement sur parcelle privée |
Important : Tout aménagement sur la voie publique sans autorisation municipale est illégal et peut être démonté à vos frais.
Astuce rare : Certaines communes délivrent un accord ponctuel pour l’installation temporaire (déménagement, travaux), mais la demande doit être motivée et validée par écrit.
Dialogue avec le voisinage : éviter les conflits
Les voisins sympas sont une espèce en voie de disparition — mieux vaut sortir l’artillerie légale ET psychologique.
- Approche verbale directe (mais courtoise) :
- « Je préfère vous prévenir tout de suite, stationner devant chez moi pose problème légalement… »
- « Sachez que j’ai contacté la mairie pour clarifier mes droits. On évite les embrouilles si possible ? »
- Posture ferme mais ouverte :
- Montrez que vous connaissez vos droits (Code de la route article R417-10 et suivant).
- Proposez une solution : « Si besoin, je peux demander officiellement l’apposition d’une interdiction ou d’un potelet… »
- Anticiper la mauvaise foi :
- Attendez-vous à des réactions hostiles (« J’habite ici depuis plus longtemps », « Ça a toujours été comme ça ! »…)
- Gardez tout échange écrit ou enregistré — utile en cas d’escalade administrative.
- En dernier recours : transmettre un courrier simple rappelant la loi (avec copie à l’agent municipal si escalade prévue).
À retenir : Connaître vos droits est essentiel pour éviter que des conflits de voisinage ne dégénèrent.
Faire appel à un médiateur ou un huissier : quand et comment ?
Un conflit s’envenime ? Médiation et constat d’huissier sont parfois inévitables pour défendre vos droits sans péter les plombs (ni finir en garde à vue pour outrage…).
Étapes pour solliciter un médiateur ou mandater un huissier — checklist stricte :
- [ ] Tentez le dialogue direct, même bref, au moins une fois (preuve requise si litige judiciaire plus tard).
- [ ] Contactez un médiateur local (parfois gratuit via mairie ou associations agréées) pour organiser une réunion neutre.
- [ ] Si échec total : mandatez un huissier pour constat (prix moyen entre 100 et 220 € selon urgence/zone géographique). Exigez horodatage précis, photos exploitables juridiquement.
- [ ] Joignez ce constat à toute plainte officielle ou action devant le tribunal administratif (si refus persistant de la mairie/intervention inefficace des forces de l’ordre).
- [ ] Archivez tous échanges écrits, photos et documents remis lors des tentatives précédentes.
Protégez votre trottoir : les clés pour agir efficacement
Il n’y a pas de formule magique, juste une rigueur implacable et la connaissance du droit. Toute la stratégie, c’est de ne jamais vous faire piéger par les idées reçues ou laxisme ambiant :
- Le trottoir n’appartient à personne, mais il est sacré, protégé par la loi et tout contrevenant s’expose à des sanctions sévères.
- Les amendes pleuvent, la mise en fourrière frappe sans prévenir, le dialogue avec le voisinage tourne vite à la bataille rangée si vous n’avez pas les bons arguments.
- Seuls les arrêtés municipaux, marquages officiels et procédures écrites font foi. L’habitude, l’intimidation ou le « ça dérange personne » n’ont aucune valeur légale.
- Gardez toutes vos preuves, multipliez les démarches officielles et osez saisir les autorités. La mairie ? Elle plie devant ceux qui connaissent leurs droits mieux qu’elle !
- Soyez proactif : installez (légalement) ce qui dissuade, informez-vous sur chaque outil disponible, prenez de vitesse les éventuels fauteurs de troubles.
Faites respecter vos droits et protégez votre espace !