En 2019, Shoei a présenté une innovation majeure : la première visière photochromique homologuée pour casques moto. Grâce à un procédé chimique, celle-ci pouvait s’obscurcir automatiquement au contact des UV, pour se teinter en quelques secondes. Une révolution pour les motards, qui n’avaient plus à jongler entre leurs visières claires et fumées, ni à s’encombrer d’une paire de lunettes de soleil. Cependant, depuis janvier 2025, cette technologie est interdite à la vente. La raison ? Une nouvelle réglementation européenne bien plus stricte, qui interdit l’homologation de visières photochromiques. La raison invoquée est leur manque de fiabilité et de réactivité face aux variations brusques de luminosité, comme lors du passage sous un tunnel ou en sous-bois. Si ce revirement réglementaire est louable sur le papier, il met hors-la-loi des milliers de motards qui l’utilisent au quotidien avec satisfaction. De plus, ils doivent désormais se tourner vers des solutions bien moins pratiques. Une affaire qui pose question sur l’arbitraire des décisions réglementaires et leur déconnexion avec les réalités du terrain.
Les enjeux et la réglementation des visières photochromiques homologuées
Définition et mécanisme de la photochromie
La technologie photochromique repose sur une avancée fascinante développée initialement pour les verres correcteurs dans les années 1960. Le principe scientifique est simple : des molécules sensibles aux rayons ultraviolets (UV), comme le spirooxazine, sont intégrées à la visière. Sous l'effet des UV, ces molécules subissent une réaction photochimique qui modifie leur structure, augmentant ainsi leur capacité à absorber certaines longueurs d'onde lumineuses. Résultat ? Une visière transparente devient plus sombre en plein soleil, offrant une protection adaptée et instantanée.
Aujourd'hui, cette technologie s'applique aux casques de moto grâce à des modèles sophistiqués tels que les visières Transitions ou Shark EVO. Contrairement aux visières fumées fixes, les photochromiques s’adaptent dynamiquement aux conditions de luminosité changeantes, ce qui élimine le besoin d’interchanger manuellement les écrans en fonction du temps.
À noter : La photochromie n'est pas instantanée. Quelques secondes peuvent être nécessaires pour que la teinte s’ajuste complètement.
Les normes d’homologation et critères de transparence
Afin qu'une visière photochromique soit homologuée pour un usage routier, elle doit répondre aux critères stricts définis par la norme européenne ECE 22.06. Cette norme impose notamment une transmission lumineuse minimale de 50% lorsque la visière est à son état le plus sombre, garantissant ainsi une visibilité suffisante même dans des tunnels ou sous un éclairage faible.
Les tests incluent également des évaluations de résistance aux chocs et d'uniformité optique afin d'éviter toute déformation des images perçues. Par comparaison, si certaines visières teintées ou iridium répondent à ces exigences, elles ne possèdent pas la même adaptabilité dynamique.
Critères | Photochromique | Fumée | Iridium |
---|---|---|---|
Adaptabilité UV | Oui | Non | Non |
Transmission min. lum. | ≥50% | Variable selon le modèle | Environ 20%-30% |
Homologation courante | Norme ECE 22.06 | Possible | Rare |
Comparaison avec les visières fumées et iridium
Les alternatives traditionnelles telles que les visières fumées offrent une solution économique mais statique ; elles restent sombres quel que soit l’environnement lumineux. De leur côté, les visières iridium se distinguent par leur design esthétique grâce à un revêtement réfléchissant mais présentent souvent un coût élevé sans réelle valeur ajoutée en matière de sécurité.
En termes de performance globale, la visière photochromique surpasse ses concurrentes avec sa capacité à s'adapter continuellement. Cependant, elle reste encore perçue comme étant plus fragile en raison de son traitement chimique spécifique qui pourrait se dégrader au fil du temps sans entretien adapté.
Les avantages et limites des visières photochromiques pour casques moto
Adaptabilité aux conditions lumineuses variables et performance technique
La visière photochromique incarne un progrès technologique remarquable, capable de s'adapter dynamiquement aux variations de luminosité. Grâce à l'intégration de molécules photosensibles dans le matériau, telle que la technologie utilisée sur des modèles comme le Shoei NXR ou le X-Spirit III, elle réagit rapidement aux rayons UV. Lors d'une exposition intense au soleil, la visière s'assombrit pour offrir une protection immédiate contre l'éblouissement. Inversement, en faible luminosité ou dans des tunnels, elle redevient transparente pour garantir une visibilité optimale.
Cependant, la transition n’est pas instantanée : un délai de quelques secondes est parfois nécessaire pour que la teinte s’ajuste pleinement aux conditions lumineuses.
Retours d’expérience et avis des motards
Les motards ayant testé ces visières saluent unanimement leur confort et leur polyvalence. Par exemple, sur un forum dédié :
"Depuis que j'utilise une visière photochromique sur mon Shoei NXR2, je ne me soucie plus des changements soudains de lumière. Que ce soit sous un soleil éclatant ou en fin d'après-midi nuageuse, ma visibilité reste optimale."
Cependant, certains soulignent que ces visières nécessitent un entretien minutieux pour éviter une dégradation prématurée du traitement chimique.
Limites en matière de sécurité et de réglementation
Malgré leurs avantages indéniables, les visières photochromiques présentent aussi des limites notables. Lors de transitions lumineuses rapides - comme l’entrée ou la sortie d’un tunnel - le délai d’ajustement peut compromettre temporairement la vision du motard.
De plus, bien que homologuées selon les normes ECE 22.06, certaines questions subsistent quant à leur adaptation dans des situations extrêmes (exemple : faible intensité UV par temps nuageux). Ces points méritent une vigilance accrue tant pour les fabricants que les utilisateurs.
Guide pratique pour vérifier et choisir une visière photochromique homologuée
Comment vérifier la conformité et l’homologation d’une visière
Pour assurer votre sécurité et respecter la réglementation, il est indispensable de vérifier que votre visière photochromique est conforme aux normes en vigueur. Voici les étapes essentielles :
- Rechercher le marquage ECE 22.06 : Il doit être clairement gravé ou imprimé sur la visière, indiquant qu'elle a été testée selon les normes européennes.
- Vérifier le pourcentage de transmission lumineuse : La norme impose une transparence minimale de 35% dans l’état le plus sombre (comme stipulé par ce guide complet).
- Exiger un certificat d’homologation fourni par le fabricant : Ce document garantit que l’équipement a subi tous les tests nécessaires (résistance aux impacts, uniformité optique).
- Reconnaître les logos de conformité : Cherchez les pictogrammes spécifiques qui attestent du respect des standards (similaires à ceux présents sur les casques).
Conseils d'entretien et utilisation sécuritaire sur la route
Un entretien soigné prolonge la durée de vie des visières photochromiques et garantit une vision optimale. Voici les gestes indispensables :
- Nettoyage après chaque sortie : Utilisez uniquement de l’eau tiède et un chiffon microfibre doux pour éviter de rayer le traitement anti-UV.
- Évitez les produits abrasifs : Ils pourraient altérer le revêtement photochromique.
- Sécher naturellement : Laissez sécher à l’air libre pour éviter tout dépôt de calcaire.
- Stocker correctement : Rangez toujours votre casque dans une housse protectrice, à l'abri du soleil direct.
Points clés pour garantir sécurité et durabilité :
- Vérifiez régulièrement l’intégrité du revêtement.
- Évitez l’exposition prolongée à des températures extrêmes.
- Lors des arrêts, utilisez un écran secondaire ou un pare-soleil si nécessaire.
Usage recommandé : conditions de luminosité et restrictions d’utilisation
Les visières photochromiques offrent leur pleine performance sous certaines conditions précises :
Points clés d'utilisation optimale:
- Idéalement adaptées à un usage diurne avec une exposition modérée au soleil.
- Performantes dans des environnements urbains où la lumière varie fréquemment, comme entre ombre et lumière directe.
Cependant, leur utilisation est déconseillée dans les situations suivantes :
- La nuit ou par faible intensité UV (temps très couvert), car la réactivité pourrait être limitée.
- Sur pistes ou circuits où des transitions rapides peuvent entraîner un temps d’adaptation trop long entre zones sombres et lumineuses.
Focus sur les technologies et innovations des visières photochromiques
Les mécanismes de la photochromie et l’adaptation aux UV
La technologie des visières photochromiques repose sur des molécules photosensibles telles que le spirooxazine, intégrées dans le matériau de la visière. Ces molécules réagissent chimiquement à l'exposition aux rayons ultraviolets (UV), modifiant leur structure pour absorber davantage de lumière visible. Ce processus entraîne un changement de teinte progressif : plus les UV sont intenses, plus la visière devient sombre, protégeant ainsi efficacement contre l’éblouissement. Cependant, cette adaptation n’est pas immédiate : un délai de 5 à 10 secondes peut être nécessaire selon l’intensité lumineuse.
Cette innovation dépasse les solutions classiques comme les visières fumées en offrant une réactivité dynamique adaptée aux variations soudaines de luminosité, notamment lors d’une conduite en zone urbaine ou sinueuse où ombre et soleil se succèdent rapidement.
Innovations récentes : exemples de marques telles que Shoei, Zill et Shark
Certaines marques se distinguent par leurs avancées significatives dans ce domaine. Shoei, par exemple, a lancé des écrans comme le "CWR-F2" pour ses modèles NXR2 et X-Spirit III. Ce produit intègre non seulement un traitement photochromique mais également un revêtement anti-rayures, garantissant ainsi un confort d’utilisation prolongé. De son côté, Shark se distingue avec ses casques modulables incluant des visières Transitions qui s’adaptent particulièrement bien aux environnements changeants.
Moins connue, Zill propose des alternatives plus abordables tout en garantissant une solidité remarquable grâce à des matériaux composites innovants. Ces efforts marquent la volonté des fabricants d’allier performance technique et accessibilité.
Comparatif avec d’autres dispositifs anti-buée et alternatives technologiques
Pour améliorer la visibilité, plusieurs technologies sont disponibles :
Technologie | Avantages | Inconvénients |
---|---|---|
Visière photochromique | Adaptation dynamique à la lumière, confort prolongé | Temps d’ajustement parfois trop long |
Pinlock (double écran) | Excellente solution anti-buée | Peut altérer légèrement la clarté optique |
Traitement chimique anti-buée | Coût abordable | Nécessite un entretien régulier, efficacité limitée dans le temps |
Masques internes spécifiques | Bloque efficacement la condensation | Moins pratique pour des durées prolongées |
La visière photochromique se démarque par son innovation ergonomique et son adaptabilité lumineuse. Toutefois, son coût reste élevé par rapport à ces alternatives plus traditionnelles.
Réglementation et conseils pratiques pour les visières teintées moto
Rappel des règles de transparence et d’homologation pour les visières teintées
L’utilisation des visières teintées est strictement encadrée par les normes européennes, notamment la norme ECE 22.06. Ces visières doivent laisser passer un minimum de 35% de lumière visible, garantissant ainsi aux motards une visibilité suffisante en toutes circonstances, même par faible luminosité ou dans des tunnels. En comparaison, les visières photochromiques offrent une adaptabilité dynamique mais sont soumises aux mêmes exigences minimales pour leur homologation.
Législation actuelle et risques en cas de non-conformité
Utiliser une visière non homologuée est une infraction grave, passible d'une amende de 135 € et d'un retrait de 3 points sur le permis de conduire. Cette sanction s’appuie sur l’article R431-1 du Code de la route, qui vise à prévenir tous risques liés à une visibilité réduite ou à un équipement inadéquat.
"Utiliser un casque ou une visière non homologués compromet à la fois votre sécurité et le respect du Code de la route."
Ressources complémentaires
Pour approfondir vos connaissances sur l’homologation et les bonnes pratiques liées aux visières teintées, consultez notre guide détaillé ici : Visière teintée moto : Légalité, homologation et risques à connaître.