La Renault 14, souvent mal-aimée parmi les modèles des marques françaises, mérite une réhabilitation. Celle qui a les capacités, mais qui se fait emmerder par les autres parce qu’elle est un peu trop différente. Sauf qu’à force de se faire traîner dans la boue, on en oublie ses qualités. Et pour cause : la "poire" est bien plus qu’une "voiture-poire". Entre innovations technologiques, design en avance sur son temps et innovations techniques, elle a marqué son époque bien plus qu’on ne le croit. Elle pourrait bien être l'une des voitures les plus incomprises de l'histoire automobile. C'est pourquoi nous lui consacrons cet article détaillé. Voici comment une campagne marketing maladroite a terni l'image d'une voiture pourtant révolutionnaire pour son époque. On vous explique en quoi elle était si en avance sur son temps. Et pourquoi elle est devenue le secret le mieux gardé des amateurs de youngtimers. La "poire" n’a pas dit son dernier mot.
Renault 14 : La "Poire" qui secoue le paysage automobile des années 70
L'arrivée fracassante : remplacer la R6, viser plus haut
Allons droit au but ! Quand Renault balance la 14 en pleine face du marché en 1976, ce n’est pas juste pour sortir une nième compacte. La mission ? Éclipser la vieillissante R6 et combler le grand vide entre la populaire R5 et les bourgeoises R20/R30. Là, on vise haut : Renault veut s’attaquer à la Golf, alors star montante des compactes dynamiques. C’est un coup d’accélérateur stratégique, pas une prise de risque molle. Résultat ? Une voiture très attendue, avec l’ambition de bousculer l'ordre établi, histoire de montrer que le losange savait innover même quand personne ne le demandait vraiment.
Le design qui divise : pourquoi "la poire" est-elle née ?
Dès son lancement, le style de la Renault 14 a suscité des réactions mitigées. De profil ou en trois-quarts avant, c’est un ovni dans le paysage des années 70 ! Et ça, tout le monde l’a vu. Pourquoi ce fameux surnom ? Voici pourquoi :
- L’arrière rebondi, large et relativement massif par rapport à l’avant.
- Le capot plongeant, presque trop timide devant tant de volume derrière.
- Des feux arrière ronds qui jouent les fruits mûrs.
- Une ceinture de caisse haute, donnant un aspect monobloc… voire dodu !
- Et il faut dire : vue sous certains angles, elle a clairement cette silhouette ventrue qu’on associe à une poire (surtout avec ses couleurs d’époque).
Cependant, cette originalité reflète une véritable recherche d'habitabilité et de fonctionnalité. Les designers ont pensé « espace », pas « fruit ». Ça déplaît ? Peut-être, mais au moins ça ne laisse pas indifférent — faut choisir son camp.
Le mythe de la "poire" : analyse marketing et perception populaire
C'est ici que les choses se compliquent sérieusement. La campagne marketing orchestrée par Publicis voulait jouer sur l’originalité du look en comparant explicitement la R14 à… une poire ! Cela semble incroyable aujourd'hui.
Cette analogie fruitière d’un goût douteux a carrément plombé l’image du modèle dès sa sortie : au lieu d’être perçue comme innovante et pratique, la voiture devient rapidement une blague nationale. Les publicités montraient des poires dans des rayons de fruits avant de zoomer sur la voiture, espérant probablement séduire les Français par cette analogie.
Cette approche maladroite a totalement éclipsé les qualités techniques du projet. Les qualités réelles ? Passées sous silence au profit d’un surnom moqueur. Dommage parce que sous cette carrosserie moquée se planquait une compacte sacrément bien fichue pour son époque – mais non, fallait qu’on parle fruits !

On dit poire, mais quand on y regarde de plus près, c'est une autre histoire !
La Renault 14 mérite d'être reconnue pour ses qualités, bien au-delà de l'image caricaturale véhiculée par une campagne publicitaire mal pensée.
Au-delà du surnom : La Renault 14 face à ses concurrentes et sa réalité
La bataille des compactes : Renault 14 contre Golf, R5, Peugeot 104 et autres
Soyons honnêtes : la Renault 14 arrive sur un marché déjà dominé par des modèles emblématiques. Alors, qui était vraiment en face ? Volkswagen Golf, Renault 5, Peugeot 104 – que du lourd pour l’époque !

Point par point, voilà ce que ça donne :
Critère | Renault 14 | Volkswagen Golf | Renault 5 | Peugeot 104 |
---|---|---|---|---|
Longueur (mm) | ~3980 | ~3705 | ~3580 | ~3560 |
Empattement (mm) | ~2530 | ~2400 | ~2420 | ~2390 |
Poids (kg) | ~900-950 | ~800-870 | ~790-820 | ~775-850 |
Moteur (de base) | X-Type (1.2 L) | 1.1/1.3L | Cléon Fonte (1L) | X-Type (1.1L) |
Puissance (ch) | 57 à 70 | 50 à +110 | 43 à +90 | Jusqu'à 72 |
Habitabilité | ++ | + | o | o |
Modularité | ++ | + | o | + |
Confort/suspension | ++ | o | o | - |
Tenue de route | + | ++ | + | o |
Équipement/dispo | + | ++ | o | o |
Avantages R14 :
- Habitabilité bluffante pour le segment, grâce à son architecture.
- Modularité banquette rabattable split – rare sur les concurrentes directes.
- Suspension souple très appréciée sur routes dégradées.
- Prix d’attaque plus intéressant que la Golf à équipement égal.
Inconvénients R14 :
- Image flinguée par la comm'…
- Plastiques intérieurs fragiles.
- Moteur "X" partagé avec la Peugeot (frustrant pour certains puristes !).
- Manque de versions sportives – là où la Golf GTI ou la R5 Alpine mettaient tout le monde d’accord !
En résumé ? La "poire" n’était PAS larguée partout, loin de là. Elle atomisait même la concurrence sur l’espace intérieur et le confort. Mais côté image… c’était pas gagné !
Les vrais défauts : la corrosion, ce mal qui ronge les "poires"
Pour les connaisseurs, il est bien connu que la corrosion est le principal défaut de la R14. Pas de traitement anticorrosion sérieux en usine dans les premières années = carnage garanti après quelques hivers salés !
Les pires zones touchées ?
- Ailes avant et arrière,
- Bas de caisse,
- Traverses sous le moteur,
- Points d’ancrage des suspensions arrière.
Et lorsque la corrosion atteint la structure ou le berceau moteur, cela peut rendre la restauration irréalisable. Sans compter l’étanchéité moyenne qui amenait l’humidité directement dans les moquettes et accélèrait encore le processus…
À noter aussi quelques défaillances chroniques côté électricité sur certaines séries (faisceaux fragiles), sans parler de boîtes parfois capricieuses début production — mais rien d’insurmontable si on aime bricoler sérieux.
Les innovations méconnues de la Renault 14
On évoque souvent ses défauts, mais rarement ses innovations. Pourtant, si on regarde sous la tôle, y’a deux-trois trucs sacrément malins :
- L’architecture moteur transversal et boîte en bout – favorisant compacité ET habitabilité.
- Les sièges arrières rabattables séparément, franchement rare chez les rivaux à l’époque !
- Le circuit de refroidissement intégré et simplifié – moins de risques de fuites parasites.
- Utilisation massive du plastique injecté pour alléger et limiter les coûts… même si certains plastiques ont mal vieilli !
La banquette arrière rabattable « split » faisait passer la R14 dans une autre dimension pratique… bien avant que ça devienne un standard !
Renault 14 : Plus qu'une "Poire" ? L'avis de ceux qui savent
Retours d'expérience : la "bonne poire incomprise" ?
On arrête avec les clichés d’apéro : la Renault 14 a eu ses partisans, et pas seulement des nostalgiques perdus dans les années 80. Les vrais proprios, ceux qui ont roulé (et roulent encore) au quotidien avec une R14, en parlent sans langue de bois.
Témoignages percutants récoltés :
- « Je l’ai gardée 14 ans, jamais une panne majeure, juste l’entretien courant. Cette bagnole, c’est un chameau… On la raille pour son look mais sur route mouillée elle tenait bien mieux que ma 205 ! »
- « On se foutait de moi à cause du surnom, mais quand je partais en vacances, coffre plein et trois gamins derrière, je voyais pas grand monde me dépasser dans les côtes. »
- « Ce qu’on oublie ? La place à bord. Les copains en Golf galéraient pour caser les sacs, pas moi. C’est une voiture de famille mal comprise. »
- « Franchement elle aurait mérité mieux… Le moteur X est increvable si on le respecte. »
Sous ses airs effacés, la R14 c’est la championne du gars pragmatique : économique à rouler, super logeable et pas si molle que ça une fois lancée !
Certains collectionneurs actuels cherchent même activement de beaux exemplaires pour leur côté "anti-conformiste vintage"… Comme quoi le mythe de la poire ne tient pas si longtemps face à l’expérience réelle.
Pourquoi la comparer à une poire est une idée reçue tenace
Soyons francs : le surnom "poire" colle à la peau de la R14 comme le cambouis sous les ongles d’un mécano. Mais en y regardant de plus près, cette comparaison manque cruellement de pertinence. La silhouette ventrue n'est qu'un choix rationnel : optimisation intérieure maximale à empattement contenu. Les designers visaient pratique avant le tape-à-l’œil.
La vrai faute ? L’équipe marketing qui a voulu faire marrer le grand public en martelant la référence fruitière… Résultat : effet boomerang monumental et vision réductrice pour des décennies.
Et ce n'est pas tout ! Ce surnom arrangeait aussi la concurrence : plus facile de taper sur une "poire" que d’admettre que Renault osait des solutions spatiales innovantes là où VW ou Peugeot restaient plan-plan.
Note du surnom "poire" pour la Renault 14 : ⭐☆☆☆☆ (1/5)
Justification : Une étiquette paresseuse héritée du marketing – qui ne retient ni l’habitabilité record ni les qualités routières réelles du modèle.
La Renault 14, une mal-aimée trop en avance sur son temps ?
Ouvrons les yeux deux secondes : beaucoup des critiques faites à la R14 auraient pu valser si elle était sortie cinq ans plus tard. Pourquoi ?
- Sa ligne monovolume anticipait à sa manière des tendances vues ensuite sur Espace ou Scénic.
- Architecture moteur transversal/boîte compacte = best-seller chez tous les constructeurs généralistes dès les années 80.
- Modularité arrière banquette split devenue banale aujourd’hui mais ultra rare dans le segment compact fin 70’s !
- Sécurité renforcée (structure déformable), souci du confort acoustique… Ça vous fait penser aux cahiers des charges modernes ? Normal !
Résumé des arguments clef qui font d’elle une pionnière oubliée :
Atout | En avance sur quel point ? |
---|---|
Ligne trapue | Préfigure le design compact/multi-usages |
Modularité intérieure | Praticité moderne avant l’heure |
Moteur X transversal | Architecture reprise par tout le marché ensuite |
Sécurité passive | Structure pensée crash-tests dès la conception |
Matériaux plastiques | Allègement/coût réduit… maintenant évident |
Bref : on crache dessus mais elle cochait déjà toutes les cases de ce qu’on exige ensuite d’une vraie compacte polyvalente. Il manquait juste un badge sportif et moins de pub débile !
Valeur collection et investissement : la "poire" prend de la valeur ?
En termes de prix, la Renault 14 reste aujourd'hui accessible et n'est pas encore une cible privilégiée des collectionneurs spéculateurs. Tu trouves des modèles roulants autour de 2 500 à 4 800 €, tandis que des exemplaires état concours/1ère main peuvent frôler 9 000 € (source Classic Number, LeParking). Les versions rares (GTL phase 1 peu kilométrées) commencent timidement à intéresser certains collectionneurs avertis.
Là où ça devient croustillant ? En vrai passionné, tu sais qu'une Renault 14 propre est surtout un investissement émotionnel majeur. C’est LA caisse parfaite pour rouler différent sur les rassemblements youngtimers ou s’offrir un daily oldschool fiable si tu n’as pas peur d’assumer ta différence.
Elle représente une opportunité intéressante pour ceux qui recherchent une voiture atypique et moins commune que des modèles comme la Golf ou la R5. Et puis franchement : combien oseront afficher fièrement leur bonne vieille "poire incomprise" lors du prochain meeting rétro ? Là on voit tout de suite qui sont les vrais connaisseurs !
Pour conclure, on va pas y aller par quatre chemins
La Renault 14, c'est pas juste la "poire" caricaturée dans les dîners de famille ou sur les forums qui radotent. C’est une vraie proposition automobile, avec ses aspérités, ses partis-pris mécaniques et ce grain de folie typiquement seventies qu'on ne retrouve plus nulle part. Tu veux sortir des sentiers battus, rouler différent, et envoyer valser les clichés ? La 14 t’attend.

Ce qu’il faut retenir…
On est là pour les vrais trucs : la Renault 14 mérite d'être réhabilitée chez les passionnés. À condition d'accepter une voiture qui ne cherche pas à plaire à tout le monde, mais qui se distingue par son authenticité.
Checklist : Pourquoi la Renault 14 mérite une seconde chance ?
- Design anti-conformiste : elle ose ce que les autres n’osent pas (et tant pis pour les moqueurs !)
- Habitabilité record : plus d’espace que ses rivales directes, sans sacrifier la compacité.
- Modularité pratique : banquette split, coffre énorme… avant-gardiste sur son segment.
- Mécanique robuste (moteur X bien entretenu = fiabilité reconnue par ceux qui roulent vraiment)
- Confort de suspension bluffant : idéal pour encaisser nos routes françaises cabossées.
- Véritable rareté aujourd’hui : tu croises dix Golf 1 pour une seule R14 sauvée !
- Valeur montante en collection : mais sans tomber dans le piège du placement boursier idiot…
- Symbole de différence assumée : rouler en R14, c’est refuser d’être un suiveur du troupeau youngtimer.
Vous cherchez une auto attachante qui sort du lot ? Foncez jeter un œil à la "poire", débusquez-en une propre et redécouvrez ce que veut dire "avoir une vraie personnalité automobile". Comme l’a dit un propriétaire sur un forum spécialisé : « On rigole de la poire jusqu’au jour où on s’assoit dedans… et qu’on ne veut plus en descendre. » On est là pour ça !