En 2003, Tesla est née dans un garage de Palo Alto. Vingt ans plus tard, elle est devenue la marque la plus valorisée au monde. Entretemps, elle a transformé l’industrie automobile, redéfini le marketing et fait vibrer l’Internet mondial. Mais surtout, elle a construit un mythe dont elle est la principale bénéficiaire. Nous avons donc décidé de raconter sa véritable histoire et de rétablir la vérité sur ses origines, bien plus fascinante que le conte de fées habituel. Car si la légende est séduisante, les faits sont souvent plus durs. Nous allons également vous expliquer pourquoi Elon Musk n’a pas fondé Tesla, et pourquoi il n’aurait jamais pu le faire. Découvrez :
- Comment un coup de génie a lancé la révolution électrique
- Le conflit entre Musk et les fondateurs originels
- Le procès sur la paternité de Tesla
- Ce qui a réellement fait le succès de Tesla (indice : ce n’est pas Elon Musk)
- La situation actuelle (qui est vraiment "propriétaire" ?)
- Et bien plus encore.
Qui sont les véritables créateurs de Tesla ?
On arrête de tourner autour du pot : Tesla Motors, c’est Martin Eberhard et Marc Tarpenning. Deux cerveaux de la Silicon Valley bien avant qu’Elon Musk ne pose un pied dans le game. Les mecs, ils bossaient déjà sur des technos pointues et avaient sorti la première liseuse électronique (la Rocket eBook) avec leur boîte NuvoMedia en 1998. Pas des rigolos, des purs ingénieurs. Ce n’est pas un hasard si la marque s’appelle Tesla – un clin d’œil direct au génie électrique Nikola Tesla, pas à un gourou du marketing.
Alors pourquoi tout le monde pense direct à Musk ? Parce que le storytelling toxique ça marche mieux que les faits. Musk a injecté du cash et a vite pris la lumière, mais les bases, c’est l’équipe originelle qui les a posées. Et eux, leur mission était claire : prouver qu’une voiture électrique pouvait claquer plus fort qu’un modèle thermique – on ne parle pas de voiturette de golf pour retraités ici.
"Prouver que les véhicules électriques peuvent surpasser les véhicules à essence" — Voici le véritable moteur qui a conduit à la création de Tesla Motors.
Martin Eberhard et Marc Tarpenning : les pionniers méconnus de la révolution électrique
Eberhard et Tarpenning sont entrés dans l’histoire en 2003 parce qu’ils refusaient de voir l’électrique comme un gadget écolo triste. Leur vision n’avait rien à voir avec une obsession de la com’ ou du fric facile : c’était du boulot d’ingénieur pur jus. Marc gérait toute l’électronique embarquée tandis que Martin poussait pour une autonomie inédite. Leur objectif ? Prendre de vitesse l’industrie auto avec une vraie sportive branchée – personne n’y croyait sauf eux.
Anecdote qui tue : avant même d’avoir un prototype roulant, ils ont pitché leur concept à Lotus UK sans jamais dire qu’ils étaient deux types sans usine ni gros moyens. Bluff total : Lotus a joué le jeu.
Une idée ingénieuse : un roadster électrique sur base de Lotus Elise
On est là pour les vrais trucs ! Le choix du châssis Lotus Elise pour lancer le premier Tesla Roadster ? Du grand art pragmatique et zéro blabla.
Au lieu de partir d’une feuille blanche comme font les rêveurs qui plantent tout, ils sont allés chercher le châssis léger par excellence. Pas besoin d’inventer une caisse complète quand tu peux te concentrer sur ce qui compte : le moteur électrique et la batterie. Résultat ? Le premier Roadster affichait plus de 350 km d’autonomie (245 miles) quand aucun autre concurrent ne dépassait 100 bornes… et il collait au bitume !
Ce coup-là, c’était autre chose que les PowerPoints pour investisseurs crédules : c’était l’audace technique incarnée.
Elon Musk : l'investisseur qui a pris le contrôle
On arrête avec les légendes urbaines : Elon Musk n’a pas créé Tesla. Ce type, il arrive en 2004 seulement, blindé de cash après avoir bazardé PayPal à eBay. Les mecs d’origine – Eberhard et Tarpenning – galéraient à trouver du financement pour accélérer leur projet de roadster électrique. Et là, Musk débarque avec un chèque de 6,5 millions de dollars, direct sorti de sa poche. Premier tour de table, série A : il met la main sur le volant sans jamais avoir bossé une heure sur le proto.
Résultat ? Il devient direct Président du conseil d’administration, plus puissant que tous les fondateurs réunis. Martin Eberhard reste CEO sur le papier, mais Musk tient les rênes côté stratégique et financier. Il ne s’arrête pas là : il fait venir Jeffrey Brian Straubel ("JB" Straubel), un geek de la batterie et moteur électrique, qui va servir d'interface technique entre l’équipe historique et ce nouvel actionnaire omniprésent.
Anecdote solide : lors du premier board meeting avec Musk, l’ambiance était tendue – Eberhard raconte qu’il a compris ce soir-là que le projet venait de passer en mode "carnassier". On est passé des ingénieurs idéalistes à une structure où c’est celui qui amène le pognon qui trace la ligne.
De premier investisseur à président du conseil d’administration
Pas de blabla inutile – voici la liste officielle des "cofondateurs" reconnus après l'accord légal suite au procès entre Eberhard et Musk :
- Martin Eberhard
- Marc Tarpenning
- Elon Musk
- JB Straubel
- Ian Wright
Voilà comment tu transformes une histoire d’ingénieurs en saga juridique et politique. Pas étonnant que personne ne sache vraiment qui a fait quoi.
La vision de Musk : transformer un constructeur de niche en géant automobile
Eberhard voulait marquer un grand coup avec un seul objet culte : le Roadster. Son plan ? Montrer au monde qu’on peut faire désirer une voiture électrique hautes perfs. Mais Elon n’a jamais rêvé petit.
Dès qu’il prend la lumière, il impose sa "Master Plan": succession de modèles pour attaquer tous les segments (Model S pour les riches pressés, Model 3 pour démocratiser l’électrique, Model Y pour bouffer du SUV… puis Cybertruck pour ridiculiser Ford). Objectif affiché : enterrer les Cadillac et General Motors dans leur propre poussière thermique.
Musk pousse même plus loin : superchargeurs sur autoroute partout (le réseau mondial est lancé dès 2012), batteries maison et intégration totale (la Gigafactory c’est son délire), puis SolarCity ajouté dans l’équation pour rendre chaque foyer producteur d’énergie.
"Remplacer des passionnés par une armée de marketeurs et financiers obsédés par la scalabilité mondiale, c’est bien différent de fabriquer trente voitures artisanales dans un garage !"
Le conflit de pouvoir entre ingénieurs et marketing
On ne va pas se mentir, ce qui s’est joué chez Tesla en 2007, c’est tout sauf une histoire sympa à raconter dans les dîners de la Silicon Valley. Martin Eberhard, le mec qui a fait naître la boîte et le Roadster, s’est fait sortir comme un malpropre. Pas pour des questions de vision ou de valeurs partagées… mais parce qu’il avait perdu la guerre du pouvoir – face à Musk, le boss du cash.
L’éviction de Martin Eberhard : un coup de force en coulisses
D’entrée, il y avait deux camps : côté Eberhard, l’obsession de sortir une voiture électrique irréprochable, quitte à passer des nuits blanches sur la chaîne d’assemblage. Côté Musk ? Productivité, image publique, et zéro tolérance pour les délais ou les dépassements de budget. Les problèmes sur le développement du Roadster – retards répétés, coûts explosifs et bugs techniques – sont vite devenus des armes dans la main du financier.
En coulisse, Musk a tout verrouillé au board : chaque dérapage technique était monté en épingle pour discréditer Eberhard. C’est simple : tu rates un jalon (et il y en a eu !), t’es mort. Officiellement, une "transition vers le board consultatif" annoncée fin 2007… En réalité ? Un évincement pur et dur orchestré par Musk lui-même, appuyé par un conseil d’administration qui n’allait jamais contrarier son plus gros investisseur.
Anecdote frappante : après son départ forcé, Eberhard s’est retrouvé sans boulot ni ressources – "in-employable" selon ses propres mots –, blacklisté dans sa propre industrie pendant des mois.
Le procès sur la paternité de Tesla
L’histoire aurait pu s’arrêter là, mais rien n’est jamais clean quand il y a des egos XXL et beaucoup d’argent en jeu. Eberhard a attaqué Musk en justice dès 2009 pour diffamation et rétablir sa position de fondateur historique contre la version officielle qui arrangeait Musk (source : Wired). Le procès est costaud : accusations de mensonges publics, campagnes pour minimiser le rôle d’Eberhard dans les médias US et refus de payer certaines indemnités contractuelles.
Le point clé ? Un accord à l’amiable finit par tomber — ni vainqueur ni vaincu sur le papier — mais avec une conséquence directe sur l’Histoire officielle : cinq noms sont désormais gravés comme "cofondateurs" légitimes de Tesla (Eberhard, Tarpenning, Musk, Straubel et Ian Wright). Il aura donc fallu… un deal juridique pour que chacun ait sa médaille !
Passer par la justice américaine pour écrire l’histoire d’une entreprise tech révèle un niveau extrême de storytelling amplifié.
Tesla en 2024 : qui détient réellement le pouvoir ?
On arrête la confusion une fois pour toutes. Tesla, ce n’est pas la propriété d’un seul homme, même si la machine médiatique voudrait nous le faire croire. Plongeons dans les coulisses du vrai pouvoir chez Tesla en 2024.
Elon Musk : PDG, « Technoking » et principal actionnaire
Pas de chichi : Elon Musk est le boss absolu. Il cumule les titres – PDG (CEO), « Technoking » (oui c’est le vrai titre officiel, cherchez pas), visage public omniprésent et surtout, il détient près de 13% du capital de Tesla, soit environ 411 millions d’actions. Ce chiffre évolue avec ses stock-options mais reste largement devant tous les autres individus.
Ce pourcentage semble loin de la majorité ? Peut-être, mais avec ses parts et son pouvoir d’influence sur le conseil d’administration (surtout depuis la validation de son plan de rémunération délirant en 2025), Musk trace sa route comme il veut. Précision importante : le siège social n’est plus en Californie depuis fin 2021, mais à Austin au Texas – moins de taxes, plus de libertés… tout ce que Musk adore !
Les autres actionnaires : des investisseurs institutionnels et le grand public
Arrêtons là l’idée reçue que Musk serait un empereur solitaire. Tesla est une société cotée sur le NASDAQ, et des mastodontes détiennent l’essentiel du gâteau :
- Vanguard Group Inc. détient près de 7,6% des actions (plus de 250 millions)
- BlackRock Inc. en possède plus de 6,2% (environ 206 millions)
- D’autres poids lourds comme State Street Corp ou JPMorgan sont bien placés également.
En cumulé ? Les investisseurs institutionnels pèsent presque la moitié du capital (≈48%). Le reste est dans les mains d’une armée d’actionnaires individuels – petits porteurs américains et internationaux qui rêvent que leur portefeuille TSLA explose un jour…
La vérité essentielle sur les origines de Tesla
Arrêtons de rêver, on parle de faits bruts, pas d’une success story aseptisée Netflix. Tesla, c’est le fruit d’un génie technique pur – Martin Eberhard et Marc Tarpenning – qui ont osé, bricolé, innové pour foutre un gros coup de pied dans l’industrie auto. Sans eux ? Aucun Roadster. Aucune démonstration que l’électrique pouvait claquer des perf’ de ouf. Mais soyons lucide : sans le flair financier et surtout le culot marketing d’Elon Musk, la boîte serait restée une curiosité de bricoleurs pour salon geek californien.
Aujourd’hui encore, l’héritage technique d’Eberhard est visible sur chaque modèle Tesla. Mais c’est la machine à cash et à storytelling Musk qui a transformé un proto paumé en empire mondial prêt à bouffer les vieux mastodontes thermiques. Pas besoin de choisir son camp : la légende Tesla est née du choc frontal entre deux mondes qui se détestent autant qu’ils se complètent.




