On vous raconte comment cette légende sur roues a changé la marque à jamais, et pourquoi elle mérite largement plus que les clichés qu’on lui sert. Attention : très haute dose de passion, de technique et de gros sons.
Aston Martin DB2 : la naissance d'une légende sur fond de compétition 🏁
Des prototypes du Mans 1949 à la chaîne de montage : les origines secrètes de la DB2
En 1949, Aston Martin débarque au Mans avec trois prototypes marqués DB Mark II, ouvrant une nouvelle page pour le constructeur britannique. Sous le capot, un moteur Lagonda 2.6L fraîchement adopté – fruit du travail de Willie Watson et Walter Owen Bentley (oui, LE Bentley) – qui ne demandait qu’à rugir sur la plus exigeante des pistes. Les résultats étaient mitigés à cause d’une fiabilité encore perfectible (pompe à eau capricieuse, c’est pas sérieux pour Le Mans !), mais l’essentiel était ailleurs : l’expérience acquise a servi de laboratoire roulant. La DB2 n’est pas née dans un showroom aseptisé, elle descend direct du bitume brûlant de la Sarthe.
« Si nous voulons que le nom Aston Martin soit respecté, il doit briller en compétition. » — David Brown
Ce n’était pas du marketing creux mais une déclaration de guerre : chaque vis, chaque tôle de la DB2 transpire cette obsession de performance héritée des 24 Heures.
David Brown : l'homme derrière le mythe et la philosophie "DB"
David Brown n’était pas là pour faire du tricot. Dès qu’il rachète Aston Martin en 1947, il insuffle sa vision : luxe sans compromis et efficacité brute. Le fameux préfixe "DB" (David Brown, faut-il vraiment le rappeler ?) devient vite synonyme d’ambition technique et d’élégance musclée. Cette philosophie ne fait pas dans la demi-mesure : tous ses modèles seront prêts à mordre aussi bien sur circuit que sur route ouverte.
Le châssis tubulaire et la carrosserie Aluglass : l'ADN sportif dès le départ
La DB2, c’est pas juste un joli profil : c’est une bête conçue pour encaisser. Son châssis tubulaire en acier (hérité des expériences du Mans) offre une rigidité exceptionnelle avec un poids contenu – pile ce qu’il fallait pour dominer. On ajoute une carrosserie en "Aluglass" (alliage d’aluminium), innovation rare à l’époque qui permettait d’allonger les courbes tout en grattant des kilos superflus. Résultat ? Un rapport poids/rigidité encore redouté aujourd’hui par bien des sportives modernes… Ça, c’est autre chose !

Premiers pas : la présentation officielle et les attentes
La présentation officielle en 1950 fait trembler le pavé anglais : voici enfin une anglaise capable de rivaliser sans rougir avec les meilleures GT européennes. Presse et passionnés sentent tout de suite que ça va cogner dur – enfin une Aston qui joint l’utile (performance brute) à l’agréable (lignes racées façon Frank Feeley). Les attentes sont stratosphériques : on attend qu’elle fasse ses preuves aussi bien à Silverstone que sur route ouverte. Pas question ici d’une simple vitrine technologique ou d’un coup marketing ; on veut voir ce que ça donne quand on appuie VRAIMENT.
Petite anecdote pour ceux qui croient tout savoir : certains premiers exemplaires sortis d’usine ont été reconvertis directement pour courir… preuve ultime que cette auto était née pour affronter la piste avant même de goûter au macadam civil.
Le cœur de la bête : caractéristiques techniques qui font la différence 🚀
Le moteur Lagonda : la puissance brute sous le capot (2.6L, 105-125 ch)
Sous le long capot de la DB2 trône le fameux 6 cylindres en ligne Lagonda, fruit du génie de Willie Watson sous l’œil du légendaire W.O. Bentley. Un moteur qui n’a rien d’un moulin fade – ici, tout est taillé pour envoyer.
Caractéristiques techniques clés du moteur Lagonda DB2 :
- Cylindrée : 2 580 cm³ (2.6L)
- Architecture : 6 cylindres en ligne, double arbre à cames en tête, 12 soupapes
- Puissance : 105 ch à 5 000 trs/min (version classique), jusqu’à 125 ch sur les versions Vantage
- Couple max : 144 lb.ft à 2 400 trs/min (sur Vantage) / env. 125 lb.ft classique
- Alimentation : 2 carburateurs SU H6 (certains modèles préparés montaient des Weber pour les puristes de la perf’)
- Distribution : Double arbre à cames en tête (DOHC)
Ce bloc n’était pas qu’une vitrine technique : il a été pensé sur base compétition, optimisé pour l’endurance plus que pour la balade du dimanche. La souplesse et l’allonge sont bluffantes pour l’époque, le moteur avale les régimes sans broncher et sait rester civilisé quand il faut cruiser… C’est ça, l’art britannique poussé à son paroxysme.
« Rien chez Aston Martin ne ressemble au son métallique et velouté d’un six en ligne Lagonda lancé à pleine charge. »
Anecdote à sortir entre vrais : certains exemplaires avaient une légère fuite aux joints de culasse d’origine, tellement le bloc était sollicité lors des séances d’essais après Le Mans ! Qui a dit que fiabilité et noblesse mécanique étaient incompatibles…?
Transmission et propulsion : une efficacité redoutable
Ici pas de transmission fantaisiste ou gadget inutile – on parle d’une vraie propulsion avec boîte manuelle à 4 rapports serrés qui transmet chaque Newton-mètre directement aux roues arrière. Cette configuration assure un équilibre du tonnerre grâce à une répartition des masses quasi idéale. Le différentiel arrière solide comme un roc permettait même quelques glissades contrôlées pour ceux qui savaient où mettre les pieds. Pas besoin d’assistance électronique bidon… On est là pour les vrais trucs.
Suspensions et freinage : le confort au service de la performance (pont oscillant, tambours)
La DB2 n’a rien d’une planche à pain tape-cul : suspensions avant indépendantes avec bras tirés jumelés et barres de torsion pour absorber toutes les aspérités sans prendre de roulis inutile. À l’arrière, pont oscillant ultra ingénieux monté sur ressorts hélicoïdaux avec barre Panhard – résultat : ça colle au sol sans tordre la caisse dans les grandes courbes ou lors des freinages musclés.
Freinage : quatre énormes tambours costauds qui faisaient pâlir bien des rivales plus puissantes sur route sinueuse. Aujourd’hui, ça chauffe vite mais en usage sportif maîtrisé, c’était redoutable pour l’époque.
Design et aérodynamisme : la touche de Frank Feeley & des maîtres carrossiers (Touring, Mulliner)
Frank Feeley place la barre très haut avec une carrosserie sculptée à la perfection – galbes fuyants et lignes basses dictées par le vent plutôt que par le snobisme décoratif… Aucune lourdeur visuelle, chaque surface vise un objectif : fendre l’air proprement tout en flattant l’œil exigeant.
Mais attention ! La DB2 doit aussi beaucoup aux mains expertes des carrossiers anglais :
Maîtres carrossiers ayant œuvré sur la DB2 :
- Touring Superleggera (Italie) : innovations structurellement légères sur certains prototypes.
- Mulliners Limited of Birmingham (Angleterre) : production principale des carrosseries Drophead Coupé raffinées.
- Tickford (Angleterre) : finition soignée sur certaines versions coupé spéciales.
Chaque exemplaire respire cet équilibre entre pureté aérodynamique et raffinement british – une réussite inégalée même chez ses cousines contemporaines.
L'habitacle : luxe et sportivité à l'anglaise (cuir Conolly, tableau de bord)
Oublie les plastiques morts-nés ou tissus fadasses… Ici tout sent bon le cuir Conolly pleine fleur tendu main sur sièges baquet moelleux ET fermes juste ce qu’il faut. Tableau de bord complet façon aviation avec tous les compteurs indispensables regroupés devant toi – aucun superflu mais zéro approximation dans les détails chromés ni la précision artisanale.
Ambiance cockpit sportif mais chic : moquette Wilton épaisse sous les bottines pilote, ergonomie rigoureuse malgré quelques bizarreries typiquement anglaises niveau commandes secondaires. On s’y sent prêt à dévorer kilomètres ou cols alpins sans fatigue ni lassitude… Ça change des intérieurs tiens-à-peine-de-la-corde qu’on croise trop souvent !

Pour plonger encore plus loin dans le raffinement automobile classique anglais, découvrez notre article dédié au luxe intemporel.